Il va sans dire que Ween a été un groupe complexe et talentueux dont les albums mille feuilles furent de grands moments de décalage pervers (des décalages qui nous parlaient). Aujourd’hui Ween n’est pas mort mais plutôt atteint d’une maladie les rendant moins décapants. L’âge adulte les a attrapés sans crier gare et il y a peu de chance qu’ils s’en remettent un jour. « Quebec » n’est pas un album totalement indigne, c’est juste un opus moyen, joué par un groupe moyen, un disque qui se situe à la croisée des chemins entre le bon et le mauvais goût, entre la bonne et la mauvaise idée. Tout ce qui faisait le charme étrange, la séduction psychédélique et bordélique de Ween a disparu sous des couches d’artefacts moins ludiques que superficiels. Si hier avec une musique grasse, Ween nous remplissait l’estomac, nous abreuvait d’un doux nectar, aujourd’hui le groupe tourne à vide, brasse beaucoup d’air et l’on reste sur notre faim. |